La petite fleuriste
Ce que je venais chercher là, c’est un paquet. Une fois la porte passée, la boutique est jolie, sobre mais accueillante et claire, peu parfumée.
Au sol, trois mètres plus loin, une marelle tracée à la craie dont la terre m’arrête net. Un demi temps pour rétablir mon équilibre et me voilà partie à cloche pied pour atteindre le ciel et le comptoir.
La demoiselle m’accueille dans un grand cri de joie :
Vous êtes la première personne à jouer à ma marelle depuis que j’ai ouvert le magasin et vous me faites vraiment plaisir, même les enfants n’y jouent pas, pensez les adultes !
Et bien il n’y avait que vous ici, c’est pourquoi je me suis aventurée, je n’aurais peut-être pas osé si le magasin avait été plein…
En êtes-vous bien certaine, me dit-elle avec un petit sourire en coin ?
Je pense qu’elle avait vu le personnage spontané et peut-être parfois ridicule que je sais être, mais une marelle c’est irrésistible, instinctif, c’est là pour vous tout seul, comment la contourner ?
Je plains les gens qui ne jouent pas avec les petites choses que la vie se surprend à leur offrir gracieusement, sans engagement, juste pour le plaisir fugitif du geste.
Mon paquet en main, j’ai tourné les talons, regagné le ciel pour redescendre sur terre. Avant de franchir la porte, je lui ai lancé : « Surtout retracez-la quand elle sera effacée ! »